LES  DIFFERENTS  STYLES

Par Jean-Marc SERIO

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       Introduction.
     Iwama Ryu Aïkido.
     L’Aïkikaï.
     L’Aïkibudo.
     Le Yoseikan Budo où ’Aïkido Yoseikan.
     Le Yoshinkan.
     Le Shin-shin Toitsu Aïkido.
     Le Shinei Taido.
     Kinomichi.

  Introduction.
Les styles d’Aïkido pratiqués aujourd’hui par un grand nombre de Maîtres qui ont étudié avec O Sensei ont peu à voir, sur le plan technique, et philosophique avec l’art du fondateur. Pourquoi cette différence, alors que nous savons que les élèves imitent le Maître et que l’on peut souvent identifier les élèves d’un professeur donné en observant leur style.

Il faut savoir que souvent ces Shihan ont étudié peu de temps sous la conduite directe de O Sensei, à l’exception de Yochiro Inoue, le neveu de Maître Ueshiba, Gozo Shioda, le fondateur du Yoshinkan Aïkido et de Tsutomu Yukawa et après la guerre Morihiro Saito.

Les Uchideshi d’avant guerre (élèves interne au Dojo) ont travaillé pendant cinq ou six ans au maximum avec O Sensei. C’était certainement suffisant pour devenir efficace dans cet art, mais pas assez pour maîtriser le vaste répertoire technique de l’Aïkibudo et de ces nombreuses subtilités.

On peut en dire autant de la période d’après guerre. Sont compris parmi les initiés de cette époque, Sadateru Arikawa, Seigo Yamaguchi, Shoji Nishio, Nobuyoshi Tamura, Yasuo Kobayashi et plus tard Yoshimitsu Yamada, Mitsumari Kanaï, Kazuo Chiba, Seichi Sugano, Mitsugi Saotome, Koichi Tohei, Kisaburo Osawa. Aucun de ces professeurs n’a étudié pendant la moindre période prolongée sous l’enseignement direct de O sensei.

Cela s’explique car avant la guerre le fondateur avait pris pour base le Dojo Kobukan de Tokyo mais était aussi très actif dans la région de Kansai et possédait une maison à Osaka ; Il voyageait donc beaucoup et passait une à deux semaines par mois éloigné du Dojo du Kobukan.

Pendant la guerre et après celle-ci O Sensei s’installa à Iwama et recommença à voyager vers 1950 ; il ne faisait donc que de courtes étapes à Tokyo. Le fondateur n’a donc pas enseigné à Tokyo de façon régulière.

Les principaux professeurs au Hombu Dojo dans les années d’après-guerre ont été Koichi Tohei Sensei et Kisshomaru Ueshiba. Ils sont donc les principaux responsables du contenu technique et de l’évolution du système Aïkikaï et par ce fait les professeurs des grands Maîtres actuels.
  

  Iwama Ryu Aïkido.
C’est le style représenté par Maître SAITO (31 Mars 1928 – 13 Mai 2002) Maître Saito a étudié l’Aïkido pendant vingt-trois ans avec O Sensei , de l’été 1946 au décès du fondateur le 26 Avril 1969 et fut le seul instructeur, hormis le fondateur lui-même, à pouvoir enseigner les armes de l’aikido à l’Aïkikaï de tokyo.

Ces cours étaient parmi les plus populaires du centre mondial. Le dimanche matin, pendant de nombreuses années, les élèves de Tokyo vinrent pratiquer les techniques à mains nues et les armes sous sa direction. A la mort du fondateur il devint le gardien du Dojo d’Iwama et de l’Aïki Jinja (sanctuaire de l’Aïkido) et fit de son mieux pour préserver la technique originelle de Maître Ueshiba.

Dans les années soixante-dix, la publication d’une série de cinq manuels techniques nommés « Traditionnal Aïkido » qui font référence, contribuèrent à lui assurer la réputation de meilleur technicien de cet art martial. Ces livres contiennent des centaines de techniques à mains nues, à l’aiki ken et à l’aiki jo, et comprennent les contre techniques. La série de films qui compléta les livres reçut un accueil enthousiaste.

Au fil des ans, Morihiro Saito a formé de nombreux instructeurs qui enseignent sa forme d’aïkido à l’extérieur du Japon. Couramment appelée « aïkido d’Iwama », cette forme d’aïkido est devenue synonyme d’un entraînement où l’on met autant l’accent sur les techniques à mains nues que sur les techniques d’armes, en effet Maître Saito pensait que le travail des armes est un facteur essentiel à la compréhension profonde des techniques à mains nues. Hors ces techniques d’armes avait été peu enseignées, par O Sensei, à l’Aïkikaï.

  L’Aïkikaï.
C’est le style le plus répandu. Il correspond au développement du style du fondateur par son fils Kisshomaru UESHIBA (27 Juin 1921- Janvier 1999). Celui-ci, motivé par sa mission de promoteur de l’Aïkido à travers le monde, a modifié et simplifié le style enseigné par son père afin de le rendre plus accessible.
Il est représenté aujourd’hui par Moriteru Ueshiba, troisième Doshu, petit fils de Morihei Ueshiba, gardien de la lignée qui prit sa source avec le Fondateur.


   L’Aïkibudo.
C’est le nom donné à la forme qu’enseignait le fondateur Ueshiba Morihei au début du développement de son art. Le terme est apparu en 1941 associé à KOBUKAI AIKIBUDO puis à TENSHIN AIKIBUDO. C’est maïtre Ueshiba qui l’utilisa pour nommer son art bien avant qu’apparaisse le mot AÏKIDO.

L’histoire nous rappelle qu’à la fin du XIXe siècle, à l’issue de combats fratricides entre clans, le temps des samurai en armes prit fin. Le seigneur Saïgo Tanomo, décida alors d’autoriser l’enseignement de ces techniques à certaines personnes extérieures à son clan.

En 1898, Takeda Sokaku formalisa tout l’héritage martial qu’il avait reçu de Saigo Tanomo, sous le nom de Daïto Ryu Jujutsu et en assura la renommée, par son immense compétence. Il installa son école à HOKKAIDO, île du nord du Japon.

De 1920 à 1931, Maître TAKEDA Sokaku transmit à son disciple UESHIBA Morihei, les connaissances de bases et les techniques du Daïto Ryu Aïki Jujutsu. Maître Ueshiba transmit à son tour, après les avoir fait évoluer, ses connaissances à des élèves qui allaient devenir eux aussi de grands Maîtres.


   Le Yoseikan Budo où ’Aïkido Yoseikan.
Ce style a été développé par Minoru MOCHIZUKI. C’est en fait une synthèse de plusieurs arts martiaux, comme le Judo, le Karaté, le Jujitsu et l’Aïkido. Les différences principales avec l’Aïkido de Maître Ueshiba sont l’ajout de techniques de pieds (ashi), de sacrifices (sutemi), de techniques au sol (ne wasa) et de Katas.

Né en 1907, maître Mochizuki fut 10e dan d’Aïkido, 9e dan de Ju-Jistsu, 8e dan de Judo, 8e dan d’Iaïdo et 8e dan de Katori Shinto Ryu. Elève direct de Maître Jigoro KANO (créateur du Judo), il fut envoyé auprès de Maître Ueshiba (créateur de l’Aïkido), par celui-ci, pour apprendre l’Aïkido.

Il fonde en 1931 un Dojo qu’il nomme « YOSEIKAN » (reconstruit après la guerre en 1950), où il enseigne le Judo, l’Aïki-Jujitsu, le Iaïdo et le Kobudo (Katori Shinto Ryu).

Maître Mochizuki fut le premier à présenter l’Aïkido en France. En 1951, il est envoyé en Europe pour une mission culturelle officielle. Pendant deux années il fit découvrir l’art de son maître, selon sa propre expérience martial sous le nom d’AÏKIDO-JUJUTSU.
A son retour au Japon, Maître Mochizuki forma un jeune judoka français, Jim ALCHEIK, disparu tragiquement en 1962. Pour assurer l’avenir de l’Aïkido-Jujutsu en France, Alain FLOQUET, alors jeune deuxième dan, prit contact avec Maître Mochizuki qui envoya à Paris, en 1963, son fils Hiroo.

En 1970, Hiroo Mochizuki, appelle son école YOSEIKAN BUDO en hommage à son père, puis en 1975 il y se crée la Fédération Française de Yoseikan Budo.

En 1980, une scission apparaît, en accord avec Minoru Mochizuki. Maître Floquet décide de nommer le contenu de sa pratique « AÏKIBUDO »; il reprend ce terme ancien de O Sensei, et représente l’AÏKIBUDO de Maître Mchizuki associé à l’école d’armes du Katori Shintô Ryu.
Dans le même temps Hiroo Mochizuki conserve le nom de « Yoseikan Budo » mais sans aucun rapport avec l’Aïkido Yoseikan de son père.


  Le Yoshinkan.
C’est le style créé par Gozo SHIODA 10e dan (9 Septembre 1915 - 17 juillet 1994). Il entra au Dojo de Morihei Ueshiba à l’âge de 18 ans en 1933 et s’entraîna comme Uchi-Deshi pendant huit années. Puis, peu de temps après la guerre, Shioda Sensei quitta le Dojo de Maître Ueshiba et entreprit de divulguer l’Aïkido à travers le Japon.

En 1954, il fonde l’organisation Yoshinkan. Yo signifie « développer », Shin veut dire « esprit » et Kan désigne le lieu de pratique. Ce style est considéré comme « plus dur » et met l’accent sur les atémis.

L’Aïkido Yoshinkan, par son approche rationnelle et claire, aide à mieux faire comprendre, travailler et sentir les principes fondamentaux de l’Aïkido. L’accent est toujours mis sur une pratique rigoureuse. Pami ses Uchi-Deschi, Jacques MUGURUZA, disciple résident au Dojo durant cinq ans, fut l’un de rares occidentaux autorisé à enseigner. C’est en 1982 qu’il introduit l’Aïkido Yoshinkan dans l’hexagone lors de son retour en France.


  Le Tomiki Ryu Aïkido.
Ce style est celui de maître Kenji TOMIKI qui voulait "rationaliser " l’enseignement de l’Aïkido, tout comme le faisait Maître Kano. Il a notamment voulu introduire l’idée de compétition, afin de ne pas dénaturer les techniques d’Aïkido et de les tester dans les situations de combat ; d’autre part l’école Tomiki se caractérise également par ses Kata (formes techniques pré arrangées), en plus de la compétition à mains nues ou avec couteau.

Il fut en automne 1926 présenté à Maître Morihei UESHIBA à Tokyo par un de ses amis du club de Judo de l’université de Waseda. Il fut tout de suite fortement impressionnée par les techniques d’Aïkido. A partir de ce jour il étudia régulièrement avec le fondateur .

En 1934, il se rendit en Manchourie en Chine, en tant qu’instructeur d’Ushiba-Ryu Aikijujitsu sur la demande de l’armée cantonaise qui était la force japonaise officielle stationnée en Manchourie (alors protectorat japonais). Les techniques de Tomiki ont été hautement louées par le commandant de l’armée cantonaise et cela contribua à augmenter la popularité de l’Aïkido.

Au printemps 1938 il enseigna l’Aïki-Budo (le nom de Ueshiba-Ryu à l’époque avant d’adopter le nom d’Aïkido), à l’université de Kenkoku. A partir de cette période, la recherche et l’entraînement en Aïkido de Tomiki devînrent de plus en plus fort.
L’Aïkido club de Waseda a été formé au printemps 1958, c’était un « prototype » pour tester l’Aïkido de compétition. Le Shodokan a été formé en avril 1967, en tant que premier Dojo de Tomiki exclusivement consacré au développement et à l’enseignement de son Aïkido Shodokan.

  Le shin-shin Toitsu Aïkido.
C’est le style fondé par Maître Koichi TOHEI, qui s’est détaché de l’AÏkikaï de Tokyo en 1974. 
Shin-shin Toitsu signifie l’unification du corps et de l’esprit. Ce style développe la voie du Ki. Il donne une importance particulière à l’aspect du contrôle de l’énergie.

C’est l’un des styles les plus doux de l’Aïkido, dans lequel on trouve de petits bons exécutés par les pratiquants. Cette école attache une faible importance aux applications martiales, car elle considère les techniques uniquement comme un moyen de développer le Ki.
On voit aujourd’hui que ce style s’éloigne de plus en plus de l’Aïkido traditionnel, car il s’oriente vers la santé et l’étude du Ki. Cette école est particulièrement implantée au Etats-Unis.

  Le Shinei Taido.
Noriaki Inoue est le neveu de Ueshiba Morihei et fut élevé pendant plusieurs années au sein de la famille de ce dernier. Maître Inoue acquit la plus grande partie de son expérience dans les arts de combat sous la direction de Morihei Ueshiba.
La participation d'Inoue comme instructeur assistant commença au milieu des années 20, sous la direction de Maître Ueshiba, puis se poursuivre au Kobukan Dojo. Plus tard de 1932 à 1935, il fut instructeur en chef du Senyokai Budo, qui se trouvait à Kameoka. il enseigna aussi l'Aïki Budo dans différents quartiers d'Osaka.
A la suite des événements qui marquèrent le second incident de la secte Omoto, Inoue prit ses distances avec Maître Ueshiba et les deux hommes se recontrèrent peu par la suite.
Après la guerre Maître Inoue enseigna de façon indépendante à Tokyo et nomma son art Aïki Budo. Plus tard il le nommera Shinwa Taido et enfin l'appela Shinei Taido. Il nous a quittés le 13 Avril 1994 à l'âge de 92 ans.

  Kinomichi.
Masamichi Noro est né le 21 Janvier 1935 à Amori, ville au Nord du Japon
En 1955 Maître Noro rencontre maître Morihei Ueshiba, le fondateur de l'Aïkido. Il étudiera auprès de O'Sensei de 1955 à 1961 en tant qu' Uchi-Deshi (élève interne, vivant auprès du maître). 

En 1961, à la demande de maître Ueshiba, Masamichi Noro, devient délégué officiel de l'Aïkikaï de Tokyo pour l'Europe et l'Afrique. Il arrive en France à Marseille le 03 septembre 1961, et prend la suite de Tadashi ABE pour développer l'Aïkido. Il accueille à leur arrivée en France, maître NAKAZONO Matsuro en 1963 et TAMURA Nobuyoshi en 1964.

En 1966 il est victime d'un très grave accident de voiture. Pour retrouver sa condition physique, il mettra au point une pédagogie et une approche des mouvements qui seront la base du KINOMICHI.

En 1967, Masamichi Noro crée l'Institut M NORO à Paris 18e , rue de Constance. En 1972 Maître Noro change d'attitude et renonce au combat avec soi et avec les autres, il s'éloigne des aspects martiaux de l'Aïkido comme de l'esprit de conquête et de l'agressivité, qui sont une perte d'énergie, tout en conservant la philosophie, la tradition, la terminologie. Cette nouvelle voie, il la nommera KINOMICHI, la voie de l'énergie.

En 1991, le centre International NORO KINOMICHI est créé pour enseigner et promouvoir le KINOMICHI dans le dojo de la Fontaine, Paris 10e, boulevard de Strasbourg.
En septembre 2000, le Centre International NORO KINOMICHI est transféré au KORINDO Dojo à Paris 17e, boulevard de Batignolles.

En 2001, affiliation du Centre International NORO KINOMICHI à la FFAAA (Fédération Française d'Aïkido Aïkibudo et Affinitaires), en tant que discipline Affinitaire.

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