HISTOIRE  DE  L'AÏKIDO  TRADITIONNEL

Saito Sensei

D'après
Takemusu Aïkido Tome 1

Ecrit par Saito Morihiro en collaboration avec
Stanley Parnin (Edition du Soleil)


et

Budo de Morihei Ueshiba
(Edition Boudostore)

Format
Imprimable

O-Sensei

Nous pouvons diviser l’histoire de l’Aïkido en deux périodes.

La première période.
Elle se situe avant 1942. A cette époque Morihei Ueshiba pratique un style puissant, direct avec des mouvements moins fluides que ceux qu’il mettra au point à partir de 1942 à Iwama. Cette forme d’Aïkido est pratiquée actuellement par l’école Yoshinkan, créée par Gozo Shioda, élève, d’avant-guerre de Morihei Ueshiba.

Dès Février 1915, à l’âge de 32 ans, Morihei Ueshiba devient un élève de Sokaku Takeda qui enseigne le Daïto-ryu Jujutsu, art martial aux techniques complexes et puissantes. Morihei Ueshiba consacra beaucoup de temps et d’argent à l’apprentissage de cet art et invita même Sokaku à vivre chez lui afin de pouvoir bénéficier de cours particuliers. Morihei devint l’un des meilleurs élèves de Sokaku, il reçut un diplôme décrivant les techniques secrètes du Daïto-ryu et acquit une maîtrise remarquable dans cet art martial. L’enseignement du Daïto-ryu qui lui fut transmis comprenait plusieurs centaines de techniques sophistiquées composées, entre autre, de clés et d’immobilisations. Ces techniques de Jujutsu de Sokaku Takeda allaient devenir la base de presque tous les mouvements d’Aïkido. Morihei mit totalement fin à son entraînement en Décembre 1919, lorsqu’il reçut un télégramme lui annonçant que son père Yoroku était gravement malade.

En 1920, après la mort de son père, il rejoint Onisaburo Deguschi, maître spirituel de la secte Omoto-Kyo, à Ayabe. Il vivra huit ans, avec toute sa famille, dans un petit logement derrière l’école primaire à l’intérieur même de l’enceinte sacrée du Omoto-Kyo. Durant tout ce temps, il eut la confiance absolue du maître et très vite, avec l’assentiment de Onisaburo, Morihei transforma une partie de sa propre habitation en dojo avec dix-huit nattes de paille et ouvrit son « Académie Ueshiba » où il enseignera les arts martiaux aux adeptes d’Omoto-Kyo.

L’enseignement dispensé à l’académie Ueshiba fut bientôt reconnu et le bruit courut qu’il y avait là, à Ayabe, un maître exceptionnel en arts martiaux. Le 11 Février 1921, les autorités décidèrent de supprimer la secte. Heureusement cet évènement n’eut pas de répercussion sur l’Académie Ueshiba déjà très renommée.

De 1921 à 1922, la pratique des arts martiaux chez Morihei devint plus intensément spirituelle et il s’absorba de plus en plus dans l’étude du Kotodama. Cela le conduisit à s’éloigner peu à peu des traditions du Daïto-Ryu, et à développer une approche personnelle qui faisait de la technique une union entre l’esprit, l’âme et le corps.

En 1922, cette synthèse fut nommée Aïki-Bujutsu et connut du public comme le Ueshiba Ryu Aïki Bujutsu.

En 1924, après l’aventure en Mongolie, Morihei s’intéressa au Sojutsu (technique de la lance) et continua son entraînement intensif au sabre et au Jujutsu. Mais il avait subi une profonde mutation.

En 1925, Morihei rencontre un officier de la marine maître de Kendo, qui le défie. Il accepte et gagne sans, pour ainsi dire avoir eu à combattre. Il avait pu visualiser la trajectoire des coups avant que le sabre en bois de l’officier n’ait eu la possibilité de le toucher. Il eut alors une expérience intense qui fut une révélation personnelle, son satori. A cet instant, tout lui devint clair. Il comprit le lien qui l’unissait à l’univers, il comprit un par un les autres principes philosophiques sur lesquels l’Aïkido est fondé. C’est à partir de ce jour qu’il estima devoir désigner son enseignement sous le nom d’Aïki-Budo plutôt que Aïki-Bujutsu. La substitution du caractère do à celui de jutsu change entièrement l’esprit de l’étude : on passe de « la technique martiale de l’aïki » à « la voie martiale del’aïki ».

En Février 1927, sur une nouvelle invitation de l’Amiral Takeshita, il quitte Ayabe définitivement avec l’assentiment de Onisaburo pour s’installer à Tokyo et se consacrer à l’enseignement des arts martiaux. Après deux années de logement temporaire, Morihei Ueshiba s’installe dans une maison proche du temple de Sengaku à Kurama-Cho, où il transforme une chambre de vingt-huit nattes en dojo.

En 1930, grâce aux efforts de l’Amiral Takeshita, qui était lui-même passionné d’arts martiaux, est organisé une collecte de fonds destinée à la construction d’un nouveau dojo. En attendant la fin des travaux, Morihei s’établit à Mejirodai et ce fut là qu’en octobre il reçut la visite de Jigoro Kano, le créateur du Judo, celui-ci fut très impressionné par le travail de Morihei, le félicite et lui confie deux de ses élèves : Jiro Takeda et Minoru Mochizuki.

En 1931, un dojo d’Aïki-Budo de quatre-vingt tatamis qu’on appela le Kobukan fut établi dans le Wakamatsu-Cho, au lieu même où se tient aujourd’hui le dojo principal. Pendant dix années, l’Aïki-Budo connut sa première période faste et c’est pendant cette période que le Kobukan commença à être connu sous le nom de « Dojo de l’enfer » pour l’extraordinaire intensité de ses entraînements. Parmi les élèves se trouvent des pratiquants tels que Yoichiro Inoue, Tsutomu Yugawa, Rinjiro Shirata, Shigemi Yonekawa et Gozo Shioda.

En 1941 L’Aïki-Budo fut incluse dans le Butokaï (corps gouvernemental réunissant tous les arts martiaux dans une seule organisation). Morihei désigna Minoru Hirai pour représenter et diriger le Kobukan, devenu la section aiki du Butokaï. Paradoxalement, ce fut à cette période que le nom Aïkido devint vraiment connu de tous.

Dans le même temps et afin de préserver pour les générations futures l’esprit du Budo qu’il avait créé, Morihei décida d’établir une nouvelle base à l’organisation de l’Aïkido dans la préfecture d’Ibaragi à Iwama.     


La deuxième période « période d’Iwama »
C’est la création du concept Takemusu Aïki. Elle commence, en 1942. Après être tombé malade à la suite d’une grave affection intestinale, Morihei Ueshiba se retira dans le village d’Iwama situé dans la préfecture d’Ibaragi, où il avait acheté des terres quelques années auparavant. Il s’investit alors dans l’agriculture, l’entraînement et la méditation.

A Iwama, Morihei commença la construction de ce qu’il nomma le Ubuya (lieu de naissance), le cercle sacré de l’Aïkido : un ensemble comprenant l’autel de l’Aïki et un Dojo extérieur. Ce bâtiment intérieur de l’autel aïki fut complété en 1944. Il comprend de très belles sculptures telles que quarante-trois divinités enchâssées comme gardiennes de l’Aïkido. Quant au dojo Ibaragi, il fut achevé en 1945 juste avant la fin de la guerre. Morihei lui-même planifia la structure de l’ensemble selon les principes du Kotodama.

Ces années passées à Iwama s’avérèrent décisives dans le développement de l’Aïkido moderne. Morihei s’investit totalement dans un entraînement intensif afin de pouvoir perfectionner son art martial. Il commença à approfondir l’étude du sabre et du bâton appelée, en Aïkido, Aïkiken et Aïkijo. Il considérait qu’il était fondamental de connaître le maniement de ces armes pour exécuter correctement les techniques à mains nues. En fait, il estimait que le programme complet de l’Aïkido incluait à la fois la pratique avec armes et la pratique à mains nues. Il définit également le concept de Takemusu Aïki, qui correspond à l’exécution spontanée d’une infinité de techniques totalement adaptées à la situation du moment.

La pratique, à Iwama, se faisait en deux périodes:
   - les cours du matin étaient réservés  aux élèves internes. Ces pratiques matinales comprenaient environ quarante minutes de prières, assis droit devant l'autel du sanctuaire de l'Aiki, suivies des entraînements aux armes en plein air lorsque les conditions climatiques le permettaient. A cette étape de sa vie, le fondateur était absorbé par l'étude de l'aïkiken et de l'aïkijo, et se concentrait sur la relation existant entre ces techniques d'armes et les techniques à mains nues. Il travaillait sur les formes de base de l'entraînement aux armes que Morihiro Saito codifiera plus tard selon un programme détaillé, complémentaire à l'étude des techniques à mains nues.

   - Les cours du soir étaient réservés à la pratique du travail à mains nues. Les méthodes d'enseignement du fondateur à Iwama étaient très différentes de celles qu'il utilisait durant les années d'avant-guerre. Auparavant, il avait pour habitude de ne montrer les techniques qu'à quelques reprises, avec peu ou pas d'explication, les pratiquants devant ten­ter ensuite d'imiter ses mouvements. Dans cette manière traditionnelle d'enseigner les arts martiaux, les élèves devaient faire de leur mieux pour « voler » les techniques du professeur. Comme le disait Sokaku Takeda : les techniques que vous volez vous appartiennent.

Mais à présent, Morihei Ueshiba pouvait se payer le luxe de consacrer toute son énergie à sa recherche personnelle, entouré seulement de quelques dis­ciples proches. Maître Saito nous dit :
" Lorsque j'y repense, je crois que le cerveau du fondateur fonctionnait comme un ordinateur. Pendant l'entraînement, O’Sensei nous ensei­gnait les techniques qu'il avait développées jusque-là comme s'il les systématisait et les organisait pour lui-même. Lorsque nous devions étudier une technique, nous devions automatiquement apprendre les techniques du même groupe. Si nous débutions par des techniques à genoux, nous devions continuer à ne faire que cela, une technique après l'autre. Quand il introduisait une technique comportant une saisie à deux mains, les techniques suivantes devaient toutes commencer avec la même saisie. O'Sensei nous enseignait deux, trois ou quatre niveaux de techniques. Il commençait par la forme de base et continuait, niveau par niveau, jusqu'à la forme la plus avancée. O’Sensei insistait sur le fait que le moindre détail devait être correct pour que la technique soit effective. Les anciens et les débutants devaient travailler ensemble, ces derniers devant chuter. Lorsque les anciens avaient exécuté la technique à gauche et à droite et que venait le tour des débu­tants, on passait déjà à une autre technique. Comme il n'avait pas beaucoup d'élèves à cette époque, O’Sensei projetait chacun d'entre nous au moins une fois. Parfois, pendant que quelques anciens pratiquaient avec O’Sensei, nous attendions notre tour pour qu'il vienne nous enseigner individuellement".


Maître Morihiro Saito.
Morihiro Saito, fut un des rares enseignants à détenir le titre prestigieux de neuvième dan de l’Aïkikaï, il a pratiqué et a enseigné cinquante-six ans dans le dojo du fondateur à Iwama.
A partir des années soixante-dix, les méthodes d’entraînements de Morihiro Saito sont devenues populaires à travers le monde, essentiellement en raison de la série de cinq volumes techniques qu’il publia sous le titre
« Traditional Aikido »
.

Morihiro Saito eut la chance de passer plus de temps que quiconque, que ce soit avant ou après la guerre, à s’entraîner directement avec le fondateur. Ses méthodes se distinguent de celles de ses prédécesseurs par l’égale importance qu’il accorde au taïjutsu (techniques à mains nues) et aux armes de l’aïki que sont le ken (sabre) et le jo (bâton).

Morihiro Saito fut l’un des seuls à acquérir la maîtrise des armes durant de longues années d’entraînement sous la direction du fondateur à Iwama. Il passa ensuite de nombreuses années à en expérimenter et à en perfectionner la pratique. Son programme technique est devenu tout naturellement la norme pour l’étude des armes de l’aïkido dans le monde entier.

La pratique de l'aïki ken et de l'aïki jo apporte une meilleure compréhension de la distance de combat, du position­nement et du centrage du corps. Elle conduit à adopter une bonne posture, renforce les bras et les épaules, ce qui a pour effet d'améliorer l'exé­cution des techniques à mains nues. Cette pra­tique des armes fait partie intégrante du programme d'enseignement de Morihiro Saito et constitue le complément idéal et indispensable de l’entraînement à mains nues.

Durant l’été 1946, un jeune homme employé à la Société Nationale Japonaise des Chemins de Fer s’inscrivit au dojo de Morihei Ueshiba. Morihiro Saito, qui ne faisait paraître aucune aptitude particulière, allait pourtant devenir l’un des plus proches élèves du fondateur et à bien des égards son successeur technique.

Morihiro Saito servira souvent de partenaire technique lors de l’entraînement de Morihei Ueshiba. Il se trouvera ainsi confronté à de nombreuses techniques et découvertes que le fondateur n’enseignera pas. En effet le poste qu’occupait Morihiro Saito aux chemins de fer japonais constituait une aubaine pour son entraînement en Aïkido. Son emploi du temps, qui comportait un jour de travail sur deux, lui permettait de consacrer beaucoup de temps au dojo Ueshiba. En conséquence, il fut autorisé dès le début à participer aux cours du matin réservés normalement aux élèves internes.

La pauvreté, très répandue au Japon à cette époque, rendit la pratique de plus en plus difficile pour les quelques élèves du dojo d'Iwama. Leurs obligations professionnelles et familiales les forcèrent à abandonner petit à petit la pra­tique, de sorte qu'ils ne furent que quelques uns à continuer de suivre les cours. Voyant le dévouement de Morihiro et son enthousiasme pour l'entraînement, Morihei Ueshiba commença à compter de plus en plus sur lui dans sa vie quotidienne. Finalement, il ne resta plus que le jeune Saito à servir le fondateur de manière régu­lière. Même après son mariage, la passion de Morihiro pour l'entraînement ne faiblit pas. En fait, sa jeune femme se mit également au service des Ueshiba et prit personnellement soin de Hatsu, l'épouse âgée de O’Sensei.

Maître Saito raconte : «En fin de compte, il ne resta plus qu'un petit nombre d'anciens de la région et moi-même. Mais ceux-ci, après s'être mariés, ne pouvaient plus venir au dojo car il leur fallait travailler dur. Quand Sensei était là, nous ne savions jamais à quel moment il aurait besoin de nous. Même si nous avions déjà fait appel à un voisin pour nous aider à battre le riz, les conséquences étaient fâcheuses si nous ne venions pas quand Sensei nous appelait !»

«Finalement, plus aucun élève ne vint au dojo car il fallait qu'ils s'occupent de leurs propres familles. Bien qu'allant travailler un soir sur deux, je pouvais continuer car j'étais libre pendant la journée. J'avais de la chance d'avoir un travail, sinon je n'aurais pas pu continuer. Je pouvais vivre sans recevoir d'argent de la part de O’Sensei, car j'étais payé par la Société Nationale japonaise des Chemins de Fer. O’Sensei avait de l'argent, mais pas les élèves de la région. S'ils étaient venus chez Sensei, ils n'auraient pas eu de revenus et n'auraient pas pu cultiver de riz pour permettre à leurs familles de subsister.»

«Etre au service du fondateur était une tâche extrêmement dure, même pour ceux qui désiraient étudier un art martial. O’Sensei n'ouvrait son coeur qu'à ceux de ses élèves qui n'hésitaient pas à se salir en l'aidant dans les champs de l'aube au crépuscule, qui lui massaient le dos, qui étaient prêts à le servir au péril de leur vie. Comme j'étais utile à O’Sensei, de bon coeur il m'enseigna tout.»

Le fondateur montra largement toute l'affection qu'il portait au jeune Saito ainsi que la confiance qu'il lui accordait. Après que Morihiro fût intervenu pour lui permettre de résoudre une querelle concernant un terrain, O’Sensei lui offrit une parcelle sur les terres Ueshiba. C'est là que Morihiro Saito construisit sa maison et qu'avec sa femme et ses enfants, il vécut et servit le fondateur.

A la fin des années cinquante, les années d'entraînement intensif sous la tutelle directe du fondateur avaient transformé Morihiro Saito en un homme puissant, qui était aussi l'un des meilleurs instructeurs de l'Aïkikài. Il enseignait régulièrement au dojo d'Iwama quand Morihei Ueshiba était absent et on lui demanda de remplacer Koichi Tohei dans son dojo d'Utsunomiya quand ce dernier fit le voyage à Hawaii pour enseigner I'àikido.

Vers 1960, Morihiro Saito se mit également à donner des cours hebdomadaires à l'Aïkikaï de Tokyo. Il y était le seul instructeur, hormis le fondateur lui-même, à pouvoir enseigner les armes de l'aïkido. Ses cours étaient parmi les plus populaires du centre mondial. Le dimanche matin, pendant de nombreuses années, les élèves de Tokyo vinrent pratiquer les techniques à mains nues et les armes sous sa direction.

Après la mort du fondateur le 26 Avril 1969, Morihiro Saito devint l'instructeur principal du dojo d'Iwama ainsi que le gardien du sanctuaire de l'aïkido tout proche. II avait servi le fondateur avec dévouement pendant vingt-quatre ans et la mort de O’Sensei ne fit que renforcer sa résolution de tout faire pour garder intact l'aïkido hérité de Morihei Ueshiba.

Dans les années soixante-dix, la publication par Morihiro Saito de Traditionnal Aikido, une série de cinq manuels techniques qui font référence, contribua à lui assurer la réputation de meilleur technicien de cet art martial. Ces livres contiennent des centaines de techniques à mains nues, à l'aiki ken et à l'aiki jo, et comprennent les contre techniques. Ils présentent aussi un système de classification et de nomenclature pour les techniques d'aïkido, système qui est maintenant largement utilisé à travers le monde. De plus, la série de films qui compléta les livres reçut un accueil enthousiaste.

En 1974, Morihiro Saito fit son premier voyage hors du Japon pour diriger une série de stages en Californie. Pour la première fois, un grand nombre de pratiquants étrangers put constater directement les connaissances encyclopédiques de Morihiro Saito en matière de techniques d'aïkido. La clarté de son programme d'enseignement, qui inclut des méthodes telles que l'exécution décomposée de nombreux mouvements et techniques, lui valut les éloges répétés des stagiaires.

Morihiro Saito a pris sa retraite de la Société Nationale japonaise des Chemins de Fer au milieu des années soixante-dix, après trente ans de service. Libre de voyager et de consacrer tout son temps à l'aïkido, il a effectué plus de cinquante déplacements à l'étranger pour diriger des stages.

Au fil des ans, Morihiro Saito a formé de nombreux instructeurs qui enseignent sa forme d'aïkido à l'extérieur du Japon. Couramment appelée « aïkido d'Iwama », cette forme d'aïkido est devenue synonyme d'un entraînement où l'on met autant l'accent sur les techniques à mains nues que sur les techniques d'armes, contrairement à beaucoup d'écoles où seules les techniques à mains nues sont enseignées. De nombreux pratiquants à travers le monde suivent le programme d'enseignement de Morihiro Saito, notamment aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne, au Danemark, en Australie, en Angleterre, en Suède, au Portugal et en France.

L'autre conséquence de la popularité des livres de Morihiro Saito et de ses nombreux voyages hors du Japon a été le défilé ininterrompu d'aïkidokas venus d'autres pays pour s'entraîner et vivre dans le dojo d'Iwama. Cette possibilité de vivre dans le dojo donne aux participants l'occasion de bénéficier d'un entraînement intensif et d'apprendre le maniement du ken et du jo. Ces vingt dernières années, des milliers d'élèves ont ainsi fait le voyage au Japon pour venir étudier sous la direction de Morihiro Saito. Au dojo d'Iwama, le nombre de pratiquants étranger dépasse souvent celui des pratiquants japonais.

Morihiro Saito a continué d'assurer les cours six jours par semaine. Les entraînements qu'il a dirigés le matin, étaient réservés aux élèves internes, et consacrés au ken et au jo. L'étude des techniques à mains nues se faisait pendant ses cours du soir, qui pouvaient être suivis par tous les pratiquants du dojo d'Iwama.

Le dimanche matin, Morihiro Saito donnait un cours pour tous et enseignait l'aïki ken et l'aïki jo en plein air si le temps est suffisamment clément. Par ailleurs, il organisait sur place de nombreuses sessions d'entraînement pour les clubs d'aïkido des universités japonaises, perpétuant ainsi une pratique qui existait déjà du temps du fondateur.

En tant que chef de file des instructeurs d'aïkido, Morihiro Saito doit sans doute son succès à son approche unique qui mariait tradition et modernisme. En même temps qu'il a voué sa vie à garder intact l'héritage technique du fondateur, il a fait preuve d'une grande créativité en élaborant une classification des centaines de techniques d'armes ou à mains nues avec leurs interactions. Il a également conçu de nombreuses méthodes d'entraînement fondées sur des principes pédagogiques modernes afin d'accélérer le processus d'apprentissage.

Aujourd'hui, dans le monde de l'aïkido, les pratiquants ont de plus en plus tendance à considérer cet art comme étant d'abord un « système de santé » et dans de nombreux dojos l'efficacité de la technique est un peu oubliée. Dans un tel contexte, la puissance et la précision technique de Morihiro Saito font exception. Grâce à ses efforts, ainsi qu'à ceux de quelques autres professeurs dévoués, l'aïkido peut encore être considéré comme un véritable art martial.

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